mercredi 25 novembre 2009

Autrement

Voici la série classique de l'étranger qui découvre un pays:

"Chez nous on fait pas comme ça" "Ils sont vraiment bizarre ces asiatiques" "Mais qu'est ce qui lui a pris? " "J'y comprends rien"

Mais passées ces interrogations de premier abord, qu'on soit en accord ou pas avec ces mœurs, il est très enrichissant de découvrir une autre façon de voir les choses.

Taiwan a son petit lot d'étonnement, après 3 mois de vie ici, je vous en confie quelques-uns:


- Il est très courant d'entendre dans la rue une mélodie assez forte, qui ressemble beaucoup à La lettre à Elise.
Un camion pour une quelconque promotion publicitaire? Un marchand de glace?

Non, le camion poubelle qui passe. De nombreux quartiers ou immeubles de Taipei n'ont pas de local poubelle (la chaleur, les insectes et divers animaux font surement que c'est parfois difficile à gérer) alors dès qu'on entend la musique du camion, qui est censé arriver dans des rues à une heure programmée de la journée, on se dépêche de rassembler ses ordures pour aller les descendre au camion. Quand on pense qu'en France un sujet courant de querelle concerne descendre les poubelles dans le local, imaginez un peu à Taiwan. Vous devez descendre les poubelles à une heure précise dans la journée, au risque de laisser s'entasser vos ordures (les plus gênantes sont les restes de nourriture qui ne supportent pas bien la chaleur).


- Poser son sac à main par terre est très mal vu, question d'hygiène, et il n'est pas rare que dans les restaurants les serveurs vous apportent une chaise pour y déposer vos sacs a mains.

- Porter un masque est très courant autant pour se protéger des effluves de pollution que pour se protéger ou protéger les autres des maladies.
Toussez ou éternuez dans un lieu public sans masque, et vous vous ferez dévisager ou regarder de travers.


- Le sol des salles de bain taiwanaises est toujours inondé, et si vous n'y prenez pas garde et que vos pieds nus ne sont pas ultra propres, risque majeur de laisser des traces...

En fait, les Taiwanais qui se lavent ont souvent pour habitude de remplir la baignoire d'eau, mais de ne pas se mettre à l'intérieur. la baignoire sert seulement de "réservoir" d'eau.


- Ici pour dire OK avec les mains, on ne lève pas le pouce mais on forme un rond avec son pouce et son index (comme en plongée).
De même, on montre le chiffre deux en levant l'index et le majeur.


- Pour les signatures officielles (à la banque par exemple), on ne signe pas à la main mais on utilise un tampon avec son nom marqué dessus.
Quand j'ai du signer le contrat de mon loyer, comme je n'avais pas de tampon, le bout de mon index a du me servir de tampon.

- la notion du temps n'est pas la même. Les magasins ferment plus tard qu'en France (souvent vers 10h) et certains sont ouvert 24h sur 24h (des supérettes, des restau, mais aussi des librairies!). Passé 11h du soir, il n'est pas rare de croiser des collégiennes ou lycéennes (qui se reconnaissent à leur uniforme) dans la rue ou dans le metro, qui rentrent chez elles, seules, après leurs cours du soir.
A noter que je me couche souvent beaucoup plus tard qu'en France (entre minuit et deux heures du matin) et que bien souvent je suis la première au lit comparée à mes colocataires Taiwanaises.


- Quel lien y a t-il entre des Madames devêtues dans des petites boutiques d'appoint le long des routes, des Monsieurs avec les dents pourries et quelques crachats de couleur rouge qu'on peut parfois rencontrer dans la rue?

Même si les mœurs changent, certains Taiwanais restent accros à la noix de bétel. Ce sont des petites noix qui ressemblent un peu à des cacahouètes et sont enveloppées dans des feuilles. Elles ont la particularité de maintenir éveillé. Outre le fait que ce commerce soit tenu par des réseaux louches, la consommation de noix de bétel fait cracher rouge, ravage les dents et provoque des cancers.


-Les Taiwanais sont amateurs de gelée (oui les trucs translucides aux couleurs criardes qui gigotent au moindre mouvement), qu'ils mangent "pures" par simple gourmandises, ou qu'ils mélangent avec glaces, thés, yaourts... Cela est du à un concept difficile à saisir pour nous: le goût compte, mais la texture est également importante, ainsi, il serait plus agréable de sentir quelque chose en bouche avec quelque chose de liquide.


- Pour les filles, il n'est pas esthétique d'être bronzée, la mode est à la blancheur. Ainsi, les Taiwanaises se protègent très souvent du soleil avec leurs parapluies (qui deviennent des ombrelles). On trouve également dans les boutiques de cosmétiques une multitude de produits qui servent à blanchir la peau.


- Les personnes âgées sont à mon sens très actives. Outre le fait qu'il n'est pas rare de voir des personnes très âgées travailler (je me demande si c'est un choix...), les plus de 65 ans sont aussi très nombreux à faire du sport (jogging, velo, taichi) et même plutôt en phase avec la technologie (du genre jouer à la game boy...)

lundi 16 novembre 2009

Balades du Weekend dans Taipei

Mercredi, je m'envole pour 5 jours à Hong Kong...autant dire que j'aurais bien des choses à raconter.

En attendant, voici quelques photos que j'ai prises ce weekend.

Ces trois premières photos ont été prises au temple de XingTian à Taipei. Celui-ci est dédié au général Guangong, qui a été déifié et qui est considéré comme le dieu de la guerre et des arts martiaux.
Ce temple est vraiment très vivant, en témoignent les nombreuses offrandes et les multiples files d'attentes pour se faire "bénir" avec de l'encens.





A Taipei également, il y a des quais aménagés, avec des grandes étendues d'herbe, des terrains de sport, et surtout, des pistes cyclables. C'est vraiment très agréable.
Voici un aperçu de la vue que l'on peut avoir depuis les quais à la tombée de la nuit. Le grand bâtiment au style traditionnel au fond à côté du pont est un symbole de Taipei : Le Grand Hôtel. j'aurais l'occasion d'en reparler plus précisément dans un prochain article.

vendredi 6 novembre 2009

Voyage au centre de la terre taiwanaise

Voici les aventures de mon dernier voyage, effectué le weekend dernier avec deux compatriotes.

SOIR 1: Puli stinky but puli friendly ou Puli tout gris mais Puli mon ami

Nous sommes partis de Taipei en bus en milieu d'après-midi. Dès le début, pour prendre le bus, une première épreuve d'orientation nous attendait. Nous devions prendre le bus de la gare centrale, appelée Taipei Main Station. C'est à la fois une gare routière, une station de métro, et une gare de train et de TGV. Elle s'étend en long, en large, mais aussi en hauteur et surtout en profondeur. Nous pensions que le bus se prenait au même endroit que celui pour Kaoshiung, mais en fait pas du tout, car le bus pour la destination de Puli appartenait à une compagnie de bus différente. Nous avons erré une petite demi heure dans les souterrains géants avant de trouver enfin la bonne gare de bus.



Sur la fin du trajet, j'ai été étonnée par la voie rapide qui mène au centre de l'île. Elle est construite sur des grands pilotis et traverse d'innombrables tunnels. De ce fait, la nature (c'est à dire tremblement de terre, montagnes, fleuves et inondations) est maitrisée et l'accès à une importante zone touristique est possible en un temps record.


Arrivée dans le centre de Puli à la tombée de la nuit, c'est à dire vers 18h. M'attendant à un ville plutôt petite dans une vallée au milieu des montagnes, quelle ne fut pas pas ma surprise quand j'ai débarqué du bus. La pollution et d'autres odeur volantes non identifiables m'agressaient les narines et il y avait un brouillard gris suspect.



Ceci dit, la soirée a été rythmée par des rencontres très agréables. Cela a commencé avec la famille tenant le petit restaurant dans lequel nous avons mangé. Puis l'hôtel s'est avéré en fait être davantage une chambre d'hôte et la gérante était juste adorable. C'était un peu "l'option maman": je vous conduis où vous voulez, je vous prépare le petit déjeuner, je vous amène à la pharmacie pour les petits bobos...
Dans la soirée, alors que nous nous baladions au marché de nuit, nous avons fait la rencontre d'une artiste locale, qui parlait français. Elle nous a offert le thé, nous a montré ses peintures... Tout ça était très chaleureux. Petit détail qui montre que le monde est vraiment petit même quand on se trouve à des milliers de km de chez soi : elle avait un peu voyagé et connaissait bien la ville de Firminy en France.


JOUR 2: Le Lac du Soleil et de La Lune: marche et navigation suivies de la recherche perdue du coucher de soleil



Levé assez matinal, vers 8h. Après le petit déjeuner (salé mais délicieux), soigneusement préparé par la gérante de l'hôtel, nous voilà embarqués dans la voiture de cette dernière pour 15 km jusqu'au lac. Le Lac du Soleil et de La Lune est la plus grande étendue d'eau douce de Taiwan. Il doit son nom à sa forme, censée représenter un soleil et une lune.
Première surprise en arrivan t: alors que c'est un endroit réputé très touristique et que nous sommes en weekend, il n'y a pas tant de monde que ça.
Nous démarrons la journée par une petite randonnée d'environ deux heures. Le but étant de traverser les champs de thé et de monter jusqu'à une station météo qui offre une vue imprenable sur le lac.





A midi, déjeuner en terrasse au bord du lac, sous un temps magnifique.




A peine le temps de digérer que pour une poignée de dollars taiwanais nous nous décidons pour un petit tour en bateau comprenant quelques excursions à la clef. Tout est bien sur très joli et très agréable, que c'est dur la vie à Taiwan!



Après une à deux heures de bateau, notre prochain but est de trouver un bel endroit autour du lac pour pouvoir admirer le coucher de soleil. Mais ce n'est pas si facile, car le petit port où nous nous trouvons n'est pas du bon côté du lac. De plus, il y a très peu, voir pas du tout de transport, que ce soit bus ou taxi. Après une tentative ratée d'appeler un taxi dans une station service, une tentative ratée de faire du stop, une marche désespérée au bord du lac (en sachant que l'endroit que nous voulons atteindre se trouvait à plusieurs Km de là), nous rencontrons une famille taiwanaise qui se propose de nous amenez en voiture au petit village d'Itashao, à l'Est du Lac. Cependant, une fois arrivés au village, rien n'est encore gagné puisque le soleil est caché par une montagne et que la nuit commence doucement à tomber. Finalement, nous réussissons enfin, même si un peu tardivement, à atteindre notre but. En effet, nous avons négocié afin de monter dans un des derniers bateaux encore amarrés au port, réservé à la base pour un groupe de Vietnamiens. Le temps du trajet nous avons pu admirer la tombée de la nuit depuis le milieu du lac, les Vietnamiens nous offrant par ailleurs toutes sortes de nourriture et nous prenant en photo,.






Le soir, retour à Puli en bus, dîner dans le centre ville, retour à l'hôtel en voiture et organisation avec la gérante de notre journée du lendemain. Sur la terrasse de l'hôtel, un Taiwanais d'une cinquantaine d'années nous a également offert quelques bières et nous avons discuté avec lui une bonne partie de la soirée.

JOUR 3: Le vélo au milieu des montagnes vs le carrosse du parrain

Levé 7h30, une journée chargée nous attendant. Au programme : visite d'un temple bouddhiste, d'une fabrique de papier et balade autour d'un petit lac. Comme le temps était magnifique, nous avions choisi l'option économique et sympathique pour nous rendre à ces différents endroits plus ou moins éloignés : le vélo. Non seulement la gérante de l'hôtel nous a gentiment prêté des vélos, mais en plus elle a réquisitionné son fils pour qu'il nous montre le chemin en scooter.



Nous pédalons donc en direction du temple, dans la campagne taiwanaise. L'étrange pollution a disparu depuis le 2eme jour, le ciel est bleu et le soleil brille.
Le temple de Chung Tai Chan est un temple bouddhiste très moderne et impressionnant par sa taille. Je retiens surtout de cette visite l'architecture du temple, ses statues et son musée.







La visite du temple terminée en milieu de matinée, notre prochaine étape était la fabrique de papier, à moins d'une heure en vélo. Le problème, c'est que notre jeune guide s'est totalement perdu. Ainsi, nous avons du faire quatre fois le tour du temple, qui se trouve un peu en côte. Il n'y avait pas d'ombre et en plein soleil sur le bitume, il devait bien faire entre 30 et 40 degrés. Notre guide ne parlait pas anglais, et devait se sentir gêné de nous faire tourner en rond. De ce fait, la communication était assez confuse. Point culminant : vers 11h passé, sous une chaleur torride que je vous laisse imaginer, nous entamons une longue côte d'environ un km. Transpirante, essoufflée et mon vélo ayant déraillé deux fois, j'arrive triomphante en haut de cette côte que j'ai enfin vaincu! J'étais la dernière et tout le monde m'attendait en haut de cette fameuse montée. Mais là, surprise et incompréhension, après quelques minutes au sommet, notre guide nous annonce que finalement on va redescendre, par exactement la même route. Autrement dit, on a fait ça dans le vent! Je commençais à me demander si le Taiwanais ne trouvais pas qu'on manquait de sport ou bien si il ne souffrait pas d'un complexe d'infériorité qui le conduisait à aimer nous faire souffrir...Mais non, je ne pense pas, puisqu'il a usé et abusé du seul mot anglais qu'il osait nous dire : sorry.



Épuisés et la faim se faisant sentir, nous avons demandé à rentrer tout simplement à l'hôtel. Mais je crois que la chaleur l'avait lui aussi légèrement atteint, puisque même depuis le temple, apparemment, il ne savait pas retourner chez lui. Ou peut être qu'il ne voulait pas perdre la face et trouver absolument un moyen de nous amener dans cette fabrique de papier...Quoiqu'il en soit, super maman (la gérante de l'hôtel) est arrivée en scooter. Ne parlant pas anglais non plus, nous avons communiqué grâce à une amie qu'elle avait en ligne sur son téléphone portable et qui nous faisait la traductrice. Pensant rentrer à l'hôtel, et après encore un petit demi tour, la gérante nous fait emprunter un chemin que nous ne reconnaissons pas du tout, raccourci? Au bout d'un moment, elle nous arrête au milieu de nul part, dans une école japonaise et nous ne comprenons pas vraiment le but de cet arrêt. Après des moments de confusion totale, nous arrivons enfin devant la fameuse fabrique de papier, alors que nous avions simplement demandé de rentrer à l'hôtel...Pour le coup, après plusieurs heures de vélo sous une chaleur torride, nous ne voulions plus visiter cette fabrique maudite mais simplement boire, manger, et faire une pause. Finalement, nous sommes revenus en direction de l'hôtel et nous nous sommes arrêtés au premier endroit identifiable pour manger, c'est à dire un fast food.

Cette aventure à vélo était épuisante mais je précise quand même que les paysages étaient magnifiques: champs de riz, de mais et de thés, petit temples perdus, et montagnes à perte de vue. A cause de la difficulté du parcours et de la beauté des paysages, ça reste une expérience inoubliable. Je regrette juste de ne pas avoir pris plus de photos, mais il faisait trop chaud pour s'arrêter tout le temps.

De retour à l'hôtel, notre programme était chamboulé et nous ne savions plus vraiment quoi faire de notre après-midi, la priorité étant d'abord de se reposer à l'ombre. C'est alors qu'est arrivé le monsieur avec qui nous avions parlé la veille au soir (celui qui nous avait offert des bières). Il nous a proposé de nous amener, avec sa Mercedes flamboyante, dans un temple taoiste où il voulait aller faire "paypay" (entendez prier). Ce fut un peu notre parrain de l'après-midi. Parrain, car je pense qu'il était étrangement riche mais nous n'en n'avons pu su davantage, si ce n'est qu'il était incroyablement chaleureux et généreux comme la plupart des Taiwanais. Il nous a amené tout d'abord dans un boutique de chocolats fins tellement réputée qu'il fallait faire la queue plus d'une heure pour choisir des chocolats. Il nous a offert des glaces et une belle boîte de chocolats. Puis il nous a conduit au temple, qui, à flan de montagne, était particulièrement beau.





18h : retour en bus jusqu'à Taipei, une boite de chocolats en main mais surtout de nombreux souvenirs de paysages et de rencontres en mémoire.