Outre les découvertes urbaines et culturelles décrites dans mon précédent article, mon séjour à Taichung s'est déroulé sous le signe de l'hospitalité et de la gourmandise.
Ne connaissant personne à Taichung j'ai vécu ma première expérience "chez l'habitant", à savoir chez une amie d'un ami.
Comme beaucoup d'aventures taïwanaises, tout a commencé par une virée en scooter. Heidy (l'amie de mon ami) est venue me récupérer à la gare grâce à ce moyen de locomotion. Si à Taipei on peut très facilement se déplacer en métro et (avec un peu d'expérience) en bus, il n'en est pas de même pour les autres villes de Taïwan. Les voitures et les scooters sont très largement utilisés, malgré la pollution, les embouteillages et les difficultés pour se garer. A Taichung, un métro est en cours de construction, mais il va surement falloir du temps avant que les habitants changent leurs habitudes.
Heidy m'a tout d'abord emmenée dîner dans un restaurant réputé pour ce que nous appelons en France la fondue chinoise. En chinois, on dit Huo guo (prononcer "rouo gouo"), ce qui veut littéralement dire "feu-casserole". Le concept : sur la table un réchaud, sur le réchaud une casserole, dans la casserole un bouillon, dans le bouillon des ingrédients divers (légumes, nouilles, viande, tofu, fruits de mer...) et autour de la table une ou plusieurs personnes qui se régalent avec ça. J'avais choisi fruit de mer et tofu (photo 10). Au sujet du tofu, il me faut absolument préciser que cet ingrédient ne se résume pas seulement à ce petit carré gluant qui flotte dans la soupe miso de votre restaurant japonais préféré. Il existe différentes saveurs et différentes textures, bien plus savoureuses que ces étranges bestioles baignant au milieu des algues. Si le tofu en France était aussi varié et goûtu qu'à Taïwan, je pourrais presque affirmer que je pourrais devenir végétarienne. Presque : mes papilles et mes besoins en protéines seraient comblées avec du fromage français ET du tofu, mais il ne faut pas se leurrer, ma gourmandise reprendrait surement le dessus.
Après un peu d'attente pour avoir une table, un excellent repas, et une autre virée en scooter nous sommes arrivés chez Heidy et sa famille. Premier choc, non pas culturel, mais spatial lorsque j'ai découvert la chambre dans laquelle j'allais dormir. Depuis mon arrivée à Taiwan, je logeais dans le studio de Jasmine à Taipei. Nous étions deux à vivre dans environ 12m² (salle de bain comprise) et une nuit nous avons même dormi à quatre. Pourtant, j'étais plutôt bien dans ce studio et je ne me sentais pas spécialement à l'étroit (surêment grâce à Jasmine et son sens pratique surdéveloppé). Chez Heidy, j'avais pour moi toute seule non pas un tapis de sol mais un lit et une chambre immense faisant plus du double de la taille du studio de Jasmine.
La journée du lendemain se résume en deux mots : famille et nourriture. A vrai dire, je dirais que ce sont les deux choses qui comptent le plus aux yeux des Taïwanais.
Les liens familiaux sont très importants. Il est extrêmement courant que les jeunes adultes vivent encore chez leur parents et y restent jusqu'à ce qu'ils se marient (ou qu'il trouvent un emploi dans une autre ville). La majorité des jeunes de mon âge qui habitent dans la ville où ils sont nés n'ont donc pas quitté le foyer familial. La plupart du temps ce ne sont pas seulement avec des individus que j'ai fait connaissance, mais avec des familles (directement ou indirectement). Chez Heidy, j'ai donc rencontrè la mère, le père, le grand frère et la belle sœur.
En ce qui concerne la nourriture, les Taïwanais que j'ai rencontrés adorent manger.On peut se restaurer presqu'à toute heure et les plats que l'on peut déguster sont incroyablement variés. Il suffit d'être un peu gourmand et de se fier non pas à l'allure du restaurant, mais à sa réputation ou à la longueur de sa file d'attente. Ne pas avoir parlé de nourriture dans les articles précédents, c'est avoir omis une grande partie de mon voyage !
J'ai passé la journée avec Heidy et sa maman. Au départ, nous devions aller déjeuner dans un restaurant près des montagnes, un peu en dehors de Taichung. Mais le mauvais temps nous a fait changer de programme. Mis à part quelques courses, nous avons passé notre temps à manger.
Gourmandise : récit d'une journée culinaire
Petit déjeuner : attentionné
Thé noir et pâtisseries taïwanaises chez Heidy. A noter qu'il y avait deux patisseries, dont un genre de croissant avec des haricots rouges à l'intérieur. A Taïwan, les haricots rouges sont considérés comme un ingrédient sucré, on met du haricot rouge là où nous mettrions spontanément du chocolat. Le croissant en question n'était pas fourré d'une pâte de haricot. Il contenait des haricots en morceau. Dans ce cas là, mes capacités d'adaptation ont des limites, j'ai mangé l'autre pâtisserie.
Déjeuner : raffiné dans un restaurant- galerie d'objets traditionnels chinois (photos 1 à 5 et 8)
La maman de Heidy tenait à m'amener dans ce restaurant. Côté déco, des vitrines d'objets traditionnels chinois (notamment des peintures, jades et des cornes d'éléphant sculptées) entourent les tables, une fontaine et un mur d'eau ajoutent un peu d'ambiance. Côté nourriture, il y a des mets asiatiques et quelques mets occidentaux. Les plats sont soigneusement dressés et la nourriture est bonne. Côté prix si mes souvenirs sont bons c'était 300 à 500 NTD le menu (soit environ 10 euros) avec mise en bouche, soupe et salade, plat, dessert et boisson.
Goûter :
Dans un salon de thé, plus précisément une chaîne réputée pour ses thés au lait aux perles. J'ai pris un bubble green tea et nous avons grignoté des genres de bretzels fourrés à la cacahuète.
Dîner : en famille (photo 9)
Nous sommes allés dans un petit restaurant pour un barbecue avec toute la famille de Heidy sauf le père retenu par son travail. Assis sur des tables et chaises d'écoliers en bois, nous avons dégusté de multiples brochettes, des légumes, de la viande et des fruits de mer grillés tout en buvant de la bière. C'était vraiment bon, copieux et convivial.
Portraits : mère et fille (photos 6 et 7)
La maman de Heidy adore manger, ce qui explique en partie ma journée culinaire. Pas très grande et pas très épaisse, elle peut pourtant manger beaucoup et c'est elle qui a fini les plats (et la bière) lors du dîner BBQ. Par ailleurs elle ne travaille pas. Son mari est professeur et chercheur, spécialisé dans les glissements de terrain. Il donne quelques cours, travaille beaucoup et est assez souvent en déplacement à Taiwan ou à l'étranger. Quand cela est possible, la maman de Heidy suit son mari lors de ses voyages. La maman de Heidy se lève très tôt chaque matin pour préparer le petit déjeuner à son mari. La journée, elle profite de sa famille, voit ses amies et prend des cours d'anglais. Elle a une femme de ménage qui s'occupe des tâches ménagères. La maman de Heidy a par ailleurs la main verte et possède un très beau jardin sur le toit de la maison, composé de multiples fleurs et plantes. Elle a même obtenu un diplôme dans ce domaine. Lors de mon séjour à Taichung, nous nous sommes arrêtées chez un fleuriste et elle a acheté une dizaine de plantes pour la décoration de Noël. Dans le magasin, elle a rassemblé ces plantes les unes contres les autres et les a organisées, de manière à créer "un bouquet de plantes".
Heidy est l'amie de mon ami, devenue mon amie au cours de mon séjour à Taichung. C'est une fille pétillante et positive. Quelques minutes après notre première rencontre, elle a reçu un appel téléphonique lui annonçant qu'elle avait décroché l'entretien d'embauche qu'elle attendait depuis un certain temps. Pour cela, elle considère que je lui porte chance. Heidy est diplômée en business et est revenue pour trouver un emploi à Taïwan, après un an d'étude à Glasgow, "la ville d'Adam Smith", et trois mois de voyage en Europe. Elle voulait au départ commencer sa vie active en Europe. Mais la situation économique dans le vieux continent l'a fait revenir à Taïwan. Elle souhaite travailler dans le domaine du conseil financier à Taipei. Ce n'est pas exactement ce qui lui plaisait au départ, mais à Taïwan, l'université que l'on décroche compte plus que la spécialité désirée. Finalement elle s'y est fait et aime plutôt ça. Et puis il y a des débouchés. Comme beaucoup de jeunes Taïwanais, Heidy a 23 ans mais ne sort pas le soir, sauf parfois avec sa famille. Elle m'a expliquée qu'elle rentrait en général pour le dîner ou au plus tard vers 23 heures, et que même aller au cinéma n'est pas forcément quelque chose de bien vu par ses parents. Mais Heidy est allée en Europe, où elle a découvert la vie nocturne. Ses parents possèdent une autre maison à Taipei, ce qui lui permet sortir davantage dans la capitale.
Photos 1 à 5 : Le restaurant- galerie d'objets traditionnels chinois pour le déjeuner
Photo 6 : La maman de Heidy
Photo 7 : Heidy
Photo 8 : Le restaurant -galerie d'objets traditionnels chinois pour le déjeuner
Photo 9 : Le dîner dans le restaurant BBQ
Photo 10 : Le Huo Guo lors du soir de mon arrivée à Taichung
Je connaissais les aventures de Heidi à la montagne avec son grand père mais pas celle de Heidi à Taichung ... Je suis preneur pour des journées gourmandises avec toute la famille ...
RépondreSupprimerGros bisous, profites en encore bien.
Miam, je suis aussi preneur pour les journées gourmandises. J'espere que tu as mis 2-3 plat de côtés pour moi !
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