mardi 11 décembre 2012

Alishan

Alishan est une région montagneuse située au cœur de l'île. On y trouve notamment un parc naturel très touristique, perché à environ 2200 mètres d'altitude. Pour s'y rendre, il existe une ligne de train très particulière qui parcoure plus de 80 km en trois heures et demi, passant de 30 mètres au dessus du niveau de la mer à la haute montagne. Durant le trajet, le train traverse trois zones climatiques différentes : tropical, subtropical et tempéré. Malheureusement, Marokot (un très gros typhon qui a dévasté l'île en 2009) a endommagé fortement la ligne de chemin de fer. À l'heure actuelle, le train ne dessert que quelques stations à partir du parc d'Alishan.

Je me suis donc rendue à Alishan en minibus. Le trajet dure un peu plus de deux heures et est impressionnant. Depuis les routes qui serpentent les montagnes, les paysages sont à couper le souffle. Durant l'aller, j'ai pu admirer plusieurs mers de nuage, mais je n'ai malheureusement pas réussi à prendre les plus belles en photo. Les routes, tunnels et ponts construits pour dompter la montagne sont spectaculaires. La végétation passe des champs de palmiers et de bananiers en zone tropicale, aux cèdres japonais et plantations de thé en zone subtropicale et enfin aux forêts de pins et de cyprès géants en zone tempérée. Enfin, j'ai aussi eu droit à ma dose d'adrénaline, les chauffeurs de minibus aimant conduire vite et doubler, même dans le brouillard, ou sous la pluie, ou dans les virages ou quand deux cars se suivent (et particulièrement quand toutes ces conditions sont réunies en même temps!).

Arrivée à destination, il pleut (encore). L'auberge de jeunesse catholique est fermée. Je prends donc une chambre dans un hôtel bon marché. Si tout se passe bien, ce seront les deux seules nuits à l'hôtel de mon voyage. L'hôtel est standard, voire mauvais, mais peu importe, j'ai une chambre double pour un prix très raisonnable. Le lendemain, je me suis rendue compte que j'avais une vue assez sympathique sur les montagnes depuis le balcon de ma chambre.

Je passe l'après-midi sous la pluie à me balader dans le parc. Avec le brouillard l'ambiance est mystérieuse. On est dimanche, il y a donc de nombreux groupes de touristes malgré le mauvais temps. Je discute avec un guide, surpris de me voir voyager seule. Il m'explique un peu l'histoire du monument qui se trouve à côté de nous pendant que son groupe est occupé à prendre des photos. Puis il reprend son drapeau et son mégaphone et continue la visite. Je me balade au milieu de la forêt et des cyprès géants dont certains sont millénaires. Durant leur  leur occupation de l'île, les Japonais ont exploité cette forêt exceptionnelle et ont coupé de nombreux arbres. Au Japon, de nombreuses boiseries, notamment dans les temples, sont originaires d'Alishan. Finalement en fin d'après midi le temps s'éclaircit. Je trouve un joli un point de vue sur les montagnes et admire le paysage, avec en bande son la musique émanant du temple bouddhiste d'à côté.

Le lendemain matin, je me lève à 5 heure du matin pour l'attraction touristique phare d'Alishan : observer le lever du soleil sur les montagnes. Le mauvais temps qui me suit depuis le début de mon séjour me rend sceptique, mais je tente quand même l'expérience. Je découvre en sortant de l'hôtel qu'il ne pleut pas : miracle ! Seule dans la nuit, je me dirige vers la station de train toute proche, qui permet d'accéder en trente minutes et sans effort à un joli point de vue sur l'Est. Et là, je découvre plusieurs centaines de personnes attendant le train sur le quai. Je me demande ce que ça doit être pendant la saison touristique ! Un compteur électronique m'indique que je suis la 214ème personne à monter dans le train. Dans le train, je ne trouve pas de place assise. J'ai l'étrange sensation de m'être trompée d'endroit. Je crois être dans un métro bondé à une heure de pointe. Arrivée à destination, la vue est dégagée. Il n'y a pas de brouillard. Par contre il y a des nuages au dessus des montagnes. Ceux-ci ont caché le soleil levant. Cependant j'ai tout de même pu observer les couleurs de l'aurore. Au milieu de la foule et des explications au mégaphone d'un guide/commerçant, l'ambiance n'était pas très propice à la méditation et à la contemplation. Mais c'était tout de même une expérience sympathique.

L'après-midi, le temps est radieux. Non seulement il ne pleut pas mais le soleil brille. Je décide de me promener dans le parc et d'aller dans les endroits que je n'avais pas vus la veille. Je tombe sur un chemin de randonnée. La signalisation est bonne et le parcours est aménagé. Il suffit de suivre les escaliers en bois. La randonnée en entier oerlet d'accéder à un sommet et dure 4 heure aller-retour. Je décide de m'engager sur le chemin pour faire un bout de la randonnée et profiter des bois et du paysage. L'endroit est plus tranquille et naturel que le parc. Puis, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai marché et grimper beaucoup plus que prévu, malgré le dénivelé. Je crois que je n'ai jamais autant monté de marches d'escalier de ma vie. L'endroit était calme, je me sentais libre, et le réseau de téléphone passait (naïvement, je me sentais rassurée en cas de glissements de terrain, de tremblement de terre ou autres banalités taiwanaises). Je n'ai croisé que deux personnes sur le chemin. Arrivée à plus de 2500 mètres d'altitude, je rencontre une biche sur le chemin qui marquera la fin de mon "ascension". Assise sur en plein milieu des escaliers, la biche me barre la route. Elle me fixe du regard. Je l'approche doucement. Elle se lève, pousse un cri dans ma direction puis bondit dans les feuillages. Sûrement l'esprit de la forêt pour me ramener à la raison. En effet, je n'avais pas vu le temps passé et il était déjà presque 16h30. Le soleil se couche vers 17h15, et la clarté au sommet de la montagne m'a joué des tours. Je me presse donc de redescendre. Dans un peu plus de trois quart d'heure il fera nuit. Quinze minutes aprés le début de ma descente, le brouillard se lève. Il commence à faire sombre et je suis seule au milieu de la forêt et des arbres géants. L'humidité forme de la buée sur mes lunettes et ma myopie augmente quand le jour décline. Alternant entre mes lunettes embuées et ma myopie accentuée, la forêt prend un autre visage, plus flou et plus mystérieux. Je me concentre sur les marches des escaliers. Les quelques 3 km de descente me semblent une éternité. Certes le chemin est bien aménagé et assez sécurisé, mais je me vois mal marcher seule dans la nuit au milieu de la forêt. Finalement, j'arrive à l'entrée de la randonnée vers 17h10. Cet endroit du parc est désert. Je rejoins rapidement la route, qui est éclairée. Il y a des bus, des voitures et des promeneurs. La nuit tombe. Je suis rentrée juste à temps. Il me faut encore marcher une vingtaine de minutes le long de la route pour atteindre l'entrée du parc et mon hôtel. Je sors du parc dans la lumière rougeoyante du crépuscule et trouve un point de vue pour l'admirer. Ensuite, j'ai pris la meilleure soupe de nouilles du monde et la meilleure douche du monde : des choses très simples mais tout est une question de point de vue !

2 commentaires:

  1. Sympa la petite balade :). Une vraie randonneuse, on sera prêt pour le GR20 pour l'été prochain

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  2. Heureusement qu'il n'y a pas de grand méchant loup dans ces forêts là ...

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